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sábado, 18 de junio de 2016

Le plus meurtrier des néolibéralismes s'est installé au Pérou



Après une campagne ponctuée de rebondissements spectaculaires et des élections suivies d'une semaine de rumeurs controversées allant jusqu’à des soupçons de fraude électorale, le nouveau président du Pérou est enfin connu. Pablo Pedro Kuczynsky dit « PPK », est le vainqueur de l’élection présidentielle du mois du juin, avec 50.82 des voix. Sa rivale, la candidate d’origine japonaise Keiko Fujimori obtient quant à elle 49.88 des suffrages. Autrement dit : entre les deux candidats, l'écart est estimé à 40.000 voix.

Pour aboutir à ce résultat, la gauche péruvienne représentée par Veronika Mendoza 41 ans, a reporté ses voix sur "PPK ", 77 ans, vieux routier de l'ultra libéralisme qui a fait ses preuves comme banquier à Wall street et comme matière grise incontournable de la finance et des investissements internationaux. Le nouveau président traîne quelques casseroles honteuses, comme celle de son passage à la direction de la Banque Centrale péruvienne. Il y a réalisé des transferts illégaux allant jusqu’à 115 millions de dollars en faveur de la transnational USA, International Petroleum Company, délit valant une condamnation qu'il a évitée grâce à une fugue spectaculaire du pays vers l’Amérique.

Comme ministre d’état, il est l'auteur de nombreuses interventions visant à octroyer des avantages considérables aux transnationales et entreprises locales liées à la très haute bourgeoisie locale. Ces dernières élections au Pérou, qui ont opposé deux candidats se réclamant de la droite néolibérale, ont suscité un sentiment de peur généralisée dans les milieux intellectuels et culturels du pays, face à la redoutable remontée du Force Populaire FP (le parti Fujimoriste, fortement ancré dans les milieux populaires du nord et du centre du pays). Le fujimorisme est un phénomène politique controversé, lié à sa réputation de « sauveur du terrorisme » et à l’autoritarisme et la corruption pratiqués par le père de Keiko, Alberto Fujimori. Ce dernier a été incarcéré pour corruption et crimes contre l'humanité, après avoir renoncé à la présidence du Pérou, par fax depuis Tokyo.

Face au danger d’un retour imminent du narco-Etat fujimoriste, les Péruviens ont constitué de facto un cordon sanitaire pour barrer la route à Keiko. Ce barrage a été alimenté par toutes les forces démocratiques du pays et malgré cela, la victoire n’a pas été écrasante, comme ce fut le cas aux élections de 2002 en France, lorsque Chirac, face à Lepen, obtenait 82% des voix. Keiko avait remporté le premier tour, avec deux fois plus de voix que ses principaux rivaux, PPK et Veronika Mendoza, candidate de la gauche. La fille Fujimori avait multiplié ses efforts pour se forger une nouvelle image d’ouverture démocratique et de respect pour l’Etat de droit et de liberté. Mais ce travail de maquillage et de balayage médiatique des objections à son encontre, a été réduit à néant quelque 10 jours avant le deuxième tour. On a appris en effet que le chef de son parti avait été surveillé par la DEA américaine (Drug Enforcement Administration) pour blanchiment d'argent provenant du trafic de drogue. Quant au candidat à la Vice-présidence, José Climper, il a été attrapé en flagrant délit d’altération d' un document audiovisuel. Ces deux affaires, s'inscrivaient dans la continuité avec des agissements malhonnêtes, dans le  passé du gouvernement de Fujimori. D’un coup, le masque protégeant les tendances à l'autoritarisme et à la corruption est tombé.

Avec 73 élus (sur 130) Keiko, dispose au Congrès d'une majorité écrasante contre à peine 18 élus pour « PPK », moins que la gauche qui a porté au Parlement unicaméral 20 députés. La situation paraît donc évoluer entre opposition; voire obstruction, et collaboration; voire alliances politiques au sein d'un gouvernement à deux. Les deux finalistes partagent les orientations économiques suivies par le Pérou depuis une quinzaine d'années. Il est peu probable que ce consensus soit abandonné au bénéfice d’une transformation sociale radicale, qui puisse bénéficier directement à la population. Le plus meurtrier des néolibéralismes s'est malheureusement installé au Pérou, où il est prêt à repartir de plus belle...
    

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