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miércoles, 12 de octubre de 2016

La paix : une colombe pas colombienne

 
La Colombie vient de rater le rendez-vous le plus important de toute son histoire républicaine. La colombe de la paix, si proche et si ardemment souhaite partout sur la planète après les accords spectaculaires de La Havane, a pris son envol pour disparaitre cruellement étouffée, au milieu de l’hystérie haineuse de la droite, la plus vindicative et la plus réactionnaire du continent sud-américain. 
 
Celle-ci a fait tout ce qui était en son pouvoir maléfique pour influencer le NON aux accords de paix, lors du référendum de dimanche dernier dont elle est sortie en légitime vainqueur. De peu certes, mais elle a tout de même gagné le combat et sa victoire va dans le sens inverse d'une évolution positive de l'Histoire. Après le drame épouvantable de toute la nation colombienne qui fut plongée dans obscurité de la guerre, même avant 1964. Après une conflagration absurde que reprendra vite la dialectique de la haine, avec son « hostis publicum » numéro un : las FARC. Après enfin, cette belligérance meurtrière entre l'idéal révolutionnaire originaire et la politique d'extermination répressive, accordé et affichée tout au long de plus ou moins 16 gouvernements, il était difficile à croire que ces cinquante-deux années de guerre, pointées d'assassinats des viols, des tortures, des massacres de masse et des millions de personnes déracinées où expatriés dans son propre territoire, pouvait être achevées sans encombrement majeur. 
 
Pourtant, on avait osé croire que le peuple colombien, accablé par la violence la plus sanguinaire d'Amérique du Sud, aurait la lucidité de dire OUI au pardon et à la générosité. On faisait confiance au sens des responsabilités et à la maturité de ce peuple qu'on imaginait vouloir œuvrer positivement pour son avenir. Mais No. Malheureusement No. Ce peuple censé être décideur, que l'on a qualifié de « souverain », est encore soumis et fort manipulable par la pléiade des politiciens haineux encore au pouvoir, guidés par leurs seuls intérêts personnels. Le peuple colombien, après deux tentatives de paix avortées par le passé, a finalement ratifié ce dimanche 2 octobre son troisième échec, le plus retentissant. Les accords de paix durement négociées cinq ans durant sont tombées à l'eau en un seul jour et avec ses résultats, l'avenir de la Colombie s'annonce désormais imprévisible. 
 
Les deux parties en conflit se sont pourtant entendues sur l'application d'une réforme agraire, (dont la porte n'a pas été révélée), un cessez-le-feu bilatéral, la réintégration civile des guérilleros, la solution au problème de narcotrafique, la création d'une commission de vérité, de réparation et de non-répétition des violations des droits de l'homme. Bref, tout un programme ambitieux et très coûteux, certes, mais une paix durable est toujours préférable à un état de guerre permanent, même si cette paix a coûté cher. La guerre, en plus d'être meurtrière est onéreuse sur tous les plans...
Le conflit colombien s'étant déroulé dans les confins de la jungle amazonienne, désaxé de la géopolitique régionale, avait perdu beaucoup d'intérêt et aucune attrait pour ses acteurs : les guérilleros, l'armée où les paramilitaires d'extrême droite. Les barbaries et les atrocités commises de deux côtes avait, certes, provoqué un sentiment d'aversion et de lassitude. Le conflit colombien s'associe à l'image d'un pays longtemps réprime par la violence et pour le maintien des conditions terrifiantes d'inégalités sociales et économiques. Mais aussi et il faut le dire, par la distorsion de l'option militaire et même idéologique qui est tombée dans le traficotage peu expliqué, avec des mafias de toutes sortes. Il était donc temps d'opter pour la paix, malgré ce terrain marécageux où les bandes de paramilitaires financées par l'oligarchie terrienne seront hélas désormais, les plus redoutables et les plus menaçantes puisque les accords n'ont finalement pas été signés. Il va falloir que l'oligarchie locale comprenne qu'une paix véritable est atteignable à condition d'entamer des réformes fondamentales dans le secteur économique et surtout en matière de propriété terrienne.

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