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martes, 16 de octubre de 2007

FUJIMORI: COMO NOS VE "LE MONDE"

Fujimori: Cómo nos ve Le Monde a través de la pluma de Cristelle Barbier.


Trois semaines après avoir été extradé du Chili pour sept affaires de corruption ou de violations des droits de l'homme, l'ancien président Alberto Fujimori est confronté pour la première fois à la justice péruvienne. Le vendredi 12 octobre, il a été interrogé à Lima, où il est détenu, sur la violation du domicile de l'épouse de son ex-bras droit Vladimiro Montesinos, un délit d'"usurpation de fonctions" passible de sept ans de prison.

L'affaire remonte à novembre 2000. Le Pérou vit alors un feuilleton de scandales politico-financiers : deux mois plus tôt, une vidéo a été diffusée à la télévision, montrant M. Montesinos, chef des services secrets, en train de remettre une enveloppe de 15 000 dollars à un parlementaire de l'opposition en échange de son adhésion au parti présidentiel. Enregistrées en caméra cachée par M. Montesinos lui-même, ces images ont été suivies de nombreuses autres cassettes impliquant des entrepreneurs et des hommes politiques pris en flagrant délit de corruption.
Une semaine après la diffusion de la première vidéo, M. Montesinos prend la fuite. Il est retrouvé au Venezuela en juin 2001, puis rapatrié au Pérou, où il sera condamné à vingt ans de prison et reste inculpé dans de nombreux procès. On ignore combien de cassettes il avait en sa possession, mais des vladivideos - comme on les appelle désormais - continuent d'apparaître régulièrement.
En octobre 2000, M. Montesinos a donc disparu et le président Fujimori, qui assure avoir été trahi, fait de sa capture une affaire personnelle. Lors de grandes expéditions médiatisées, le chef de l'Etat n'hésite pas à se joindre aux policiers pour le retrouver. Le 7 novembre, à 1 heure du matin, un groupe de policiers entre dans l'appartement de Trinidad Becerra, l'épouse de M. Montesinos, et force la porte du bureau que son mari louait sept étages plus haut.
"Des hommes sont arrivés par dizaines, ils ont fouillé et emporté tout ce qu'ils ont trouvé", raconte José Clarke de Vivero, l'avocat de Mme Becerra, pour qui il s'agit de "saisie illégale" et de "pillage" portant sur des caisses d'affaires personnelles et 40 valises, dont 18 remplies de cassettes. Tout aurait été remis au chef de l'Etat dans une base militaire près de Lima.
Le 9 novembre, M. Fujimori convoque la presse pour annoncer que des biens appartenant à son ancien conseiller ont été saisis, sans mentionner aucune vladivideo. Ce n'est que le 13 novembre, six jours après la perquisition, que les objets saisis sont remis à la justice. Quelques heures plus tard, M. Fujimori prend l'avion pour se rendre à un sommet international. Il s'enfuit au Japon d'où il envoie un fax annonçant sa démission de la présidence.
M. Fujimori a admis, lors de son premier interrogatoire, d'avoir ordonné l'opération. "Ce qui l'a motivé était de trouver et remettre aux autorités Vladimiro Montesinos", a indiqué son avocat Cesar Nakasaki, en assurant toutefois qu'aucune vidéo de corruption n'avait alors été saisie. Le procureur affirme pour sa part que le but était de "faire disparaître tout élément de preuve pouvant incriminer l'ancien président".
Les violations des droits de l'homme imputées par ailleurs à M. Fujimori feront l'objet d'un grand procès, à partir du 26 novembre.

Chrystelle Barbier
Article paru dans l'édition du 17.10.07.Abonnez-vous au Monde à -60%